Susan Fletcher – Un bûcher sous la neige

Quatrième de couverture :

Au cour de l’Écosse du XVe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d’une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d’Irlande, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Mais, depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après jour, la créature maudite s’efface. Et du coin de sa cellule émane une lumière, une grâce, qui vient semer le trouble dans l’esprit de Charles.

 

Mon avis :

tresbonnelecture

Choisi par les membres de Livraddict pour le book-club de février ayant pour thème le froid et la neige, Un bûcher sous la neige fut pour moi une excellente lecture. Bien sûr, l’hiver occupe une place importante dans l’histoire mais laisse aussi beaucoup de place aux Highlands mais aussi à la nature ou encore la tolérance et l’amour vis à vis des autres.

Tout commence quand le révérend Charles Leslie se rend dans une prison pour y interroger une femme emprisonnée pour sorcellerie. Bien que n’ayant pas la moindre envie de la côtoyer, il s’y force car elle aurait été témoin du massacre sur lequel Charles enquête. Au début, ce dernier m’a fait une mauvaise impression, rempli de préjugés qu’il était, identique à la masse qui juge et bannit sans connaître mais au fur et à mesure que Corrag raconte son histoire, ses sentiments évoluent et ses préjugés disparaissent. A ce propos, les lettres qu’il envoie à sa femme témoigne de cette évolution et le révérend devient de plus en plus sympathique à nos yeux. Je pense qu’on pourrait même s’identifier à lui. Bien entendu à notre époque, plus personne n’est jugé pour sorcellerie mais je pense que si Corrag existait à notre époque, elle n’en serait pas moins jugé par ses pairs. Corrag est un personnage hors du commun, qui peut dérouter au premier abord. Corrag est quelqu’un d’entièrement bon, qui accorde énormément d’importance au moindre petit détail qui lui plait, elle n’a pas eu une vie facile mais ne s’en plaint jamais, s’efforçant de retenir ce que lui offre la vie (un vallon paisible, quelques poules et des chèvres). Malgré le mal qui peut lui être causé, les insultes (gueuse, sorcière, putain), elle ne répond jamais par la violence. A travers son récit, on voit que Corrag soufre de ses insultes, qu’elle soufre du jugement des autres mais jamais, elle ne renvoie la pierre ou devient violente à son tour. Guérisseuse, solitaire, frêle, Corrag fait l’effet d’une fée pour ses pairs ou d’une sorcière. A notre époque, Corrag serait sûrement qualifié de bizarre, de cas sociale, de « trop bonne, trop conne ». Au début, elle  déroute, on se demande si elle est pas un peu conne à toujours voir le beau chez les autres, le positif alors que les autres ne voient en elle qu’une gueuse, une putain. On a envie de la secouer, qu’elle se rebelle, qu’elle leur montre qu’elle mérite autant de respect qu’eux et au fil des pages, on finit par la comprendre et par l’accepter telle qu’elle est. Au final, j’ai presque envié sa force d’esprit. Lorsqu’une personne blessée finit par attaquer son attaquant, on va dire qu’elle sait se faire respecter, qu’il ne faut pas plaisanter avec elle, qu’elle est forte.

Mais au final, est-ce que la véritable force, c’est de ne pas attaquer, de passer à autre chose pour ne pas tomber au même niveau que l’autre, de s’efforcer de voir le beau là où la plupart des gens ne voient que le banal ? Il parait qu’il faut beaucoup de force pour se venger ou venger quelqu’un mais il en faut encore plus pour pardonner.

Il est vrai que Corrag peut étonner les lecteurs qui commencent Un bûcher sous la neige mais je pense que nous avons tous besoin d’une Corrag * pour nous guider et nous apprendre à profiter de chaque moment de notre vie et ne pas nous tourmenter quand quelque chose ne nous va pas.

Concernant l’écriture et la narration, elle est très descriptive, nous permettant de nous immerger le plus possible dans les contrées sauvage des Highlands, de leurs collines. Un bûcher sous la neige est une ode à la bonté, à la tolérance mais surtout à la nature sauvage.

* Corrag veut dire doigt en gaélique. Et voilà que je me mets à faire des jeux de mots pourrsi. Vous êtes gâtés, vous aurez bientôt droit à mon one-woman-show. 😛

D’autres avis :

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4 réflexions sur “Susan Fletcher – Un bûcher sous la neige

  1. je voulais participer au book club, mais je ne serai pas là, par contre, il faut absolument que je lise ce livre puisque je l’ai proposé 😉

    • T’as bien fait de le proposer, je l’avais depuis un moment dans ma PAL avec l’envie de le lire mais c’est le bookclub qui me l’aura fait sortir. J’espère que les autres participants l’auront aimé. 🙂

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