R.J Ellory – Seul le silence

Quatrième de couverture :

Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps d’une fillette assassinée. Une des premières victimes d’une longue série de crimes. Des années plus tard, alors que l’affaire semble enfin élucidée, Joseph s’installe à New York. Mais, de nouveau, les meurtres d’enfants se multiplient… Pour exorciser ses démons, Joseph part à la recherche de ce tueur qui le hante. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, R. J. Ellory évoque autant William Styron que Truman Capote, par la puissance de son écriture et  la complexité des émotions qu’il met en jeu.

Mon avis :

S’il y a une chose à ne pas faire quand il s’agit de livres, c’est de se fier au genre  du livre en question.
Mon édition du Livre de Poche a classé Seul le silence dans sa collection Thrillers et avant que les amateurs de thrillers américain à 100 à l’heure ne se  ruent sur ce livre, je les avertis : NON, Seul le silence n’est pas un thriller tel    qu’on le conçoit généralement.
Avant d’être un roman noir, c’est avant tout un roman habité par la plume   d’Ellory.

Dès le début ou plutôt avant, on découvre que l’auteur a dédié son livre à Truman Capote. Pour rappel, dans De Sang froid, Truman Capote essayait de comprendre pourquoi une famille entière avait été massacré sans mobile apparent par deux personnes. Capote est donc parti « enquêter » sur ce crime en interrogeant les proches des victimes et même les assassins eux-mêmes. Au final, il en ressort un incroyable récit objectif qui fait tout de même froid dans le dos car Truman Capote a vraiment creusé la psychologie des assassins.

Bref, on sent bien que De Sang froid a influencé sur Ellory pour écrire Seul le silence. Mais, si le roman de Capote était objectif et suivait plusieurs personnages, Seul le silence est narré par une seule personne – Joseph Vaughan – que l’on va suivre pendant un peu plus de 30 ans.

L’histoire débute en Géorgie en 1938-1939. La guerre vient d’être déclarée en Europe, mais les habitants d’Augusta Fall ne se sentent pas concernée par cette guerre qui fait rage à des milliers de kilomètres de chez eux. Joseph Vaughan a 12 ans quand la première petite fille est retrouvée, violée et tuée, ce n’est que la première d’une longue liste qui va secouer les habitants d’Augusta Fall et de comtés voisins. Les années passent, les USA s’engagent dans la guerre, celle ci se termine et le tueur des petites filles est toujours là.
Les habitants d’Augusta Fall n’avaient pas besoin de se sentir concernés par la WWII, ils avaient cette menace qui arrivait sans bruit et repartait de la même façon.
De 1939 à environ 1964, Joseph Vaughan nous raconte sa vie hantée par les fantômes de ces petites filles depuis qu’il en a découvert une en étant adolescent. Pour tenter d’exorciser ces démons, Joseph va d’abord tenté d’écrire, de devenir écrivain. C’est aussi ce qu’est ce roman : un hommage à l’écriture. Puis, il tentera de trouver l’auteur de ces crimes.
Il est vrai qu’on peut penser que Joseph n’a pas de chance. Le tueur lui a volé en quelque sorte toute sa vie, mais Seul le silence est un roman noir.

J’ai beaucoup aimé ce roman. On le commence et on très vite absorbé par l’écriture d’Ellory. Ensuite, tous les personnages sont attachants en particulier Joseph que l’on suit quand même pendant plusieurs décennies et aussi les personnages secondaires – la mère de Joseph, son institutrice qui l’encourageait d’écrire … J’ai bien entendu tenter de découvrir le tueur au fur et à mesure de ma lecture, mais comme je préfère me laisser guider, la fin ne m’a pas déçue. Ce n’est pas une claque, mais je ne m’y attendais pas.
L’intérêt de ce livre réside surtout dans la vie du narrateur brutalement chamboulée après la mort de son père et de la première petite fille. Au final, l’identité du tueur n’a pas vraiment d’importance. Toutefois, je n’ai pas réussi à lâcher ce livre malgré quelques petites longueurs.

Bref, une seule chose à dire : A lire, mais envisagez le plus comme un roman (noir) que comme un thriller.

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